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Le « Tcher Tirr » ou les prémices d’un mariage en pays Lobi

Le « Tcher Tirr », un acte consistant pour un prétendant à fuir avec sa bien-aimée à l'insu de la famille de cette dernière, est un symbole marquant les prémices d'un mariage imminent en « pays » Lobi, peuple vivant dans la région du Bounkani (Nord-Est ivoirien).

Le « Tcher Tirr » est très généralement perçu à tort comme un rapt, précise la chefferie traditionnelle lobi de Bouna. Elle souligne que le terme « rapt » ou encore « enlèvement », comme le qualifient certaines personnes n’étant pas de la communauté, est bien loin de l’idée originale de cette pratique qui est plutôt une conciliation secrète de deux amoureux ayant décidé délibérément de fuir ensemble.

Ce pan de la culture lobi, tant prisé par la jeunesse, constitue une étape qui joue un rôle prépondérant dans le processus du mariage coutumier, bien qu’il ne soit véritablement pas obligatoire. Cependant, il est toujours préparé et effectué à l’insu des parents, avec très souvent une complicité de personnes proches de la jeune fille.

Selon les explications données par les gardiens de la tradition Lobi, le jeune homme tombé sous le charme d’une fille tente, par personnes interposées, d’avoir les faveurs de cette dernière. Il peut également mener des visites inopinées de courtoisie au sein de la famille de sa dulcinée, sans toutefois éveiller des soupçons.

Lorsque les deux amoureux, estiment vouloir désormais vivre ensemble, ils se fixent d’un commun accord un rendez-vous dans lieu dont seuls les deux ont le secret. Le jour du départ, la jeune fille se soustrait avec ingéniosité du joug familial, emportant avec elle quelques effets personnels.

Quelques jours après leur arrivée à destination, très souvent dans le village du soupirant, ce dernier délègue un membre de sa famille à l’effet d’informer les parents de la jeune fille de sa présence à ses côtés. Ceux-ci, une fois informés, se rendront par la suite dans ce village pour fournir aux parents du soupirant la liste des éléments devant constituer la dot.

Selon la direction régionale de la Culture et de la Francophonie du Bounkani, le charme d’une telle pratique demeure l’aspect théâtral. Les deux amoureux deviennent des personnages jouant des scènes avec eux-mêmes et avec leur entourage. Ils préparent donc leurs rôles et actions et les imposent à la société pour le triomphe de leur amour.

Un pan culturel qui démontre la profondeur de la dimension artistique du peuple lobi, souligne-t-on.

Source: aip.ci

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