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Les masques dans la culture ivoirienne

En Côte d'Ivoire, à chaque peuple correspondent un ou des masques précis. Les initiés peuvent, en voyant un masque, vous en donner les origines, la fonction et à quelle occasion il fait son apparition. Il en existe des sacrés, d'initiation, de guerre, de réjouissance, etc.

Par exemple, le Poro, du nord de la Côte d’Ivoire, est un masque d’initiation: pour rentrer dans la caste des adultes, les jeunes garçons doivent être initiés pendant 90 jours dans la forêt sacrée, à l’abri de tous regards indiscrets. Que font-ils là-bas? Comment vivent-ils?

Qu’apprennent-ils? Personne ne le sait, sinon les disciples, qui ne le racontent jamais car, dit le vieil homme: « Personne, à part la tortue, ne peut vous dire ce qu’elle voit lorsqu’elle rentre dans sa carapace, si ce n’est une autre tortue ». Lorsque le Poro, interdit à la vue des femmes, est terminé, les initiés s’en coiffent et entament la cérémonie de clôture. Les jeunes garçons sont alors admis comme membres à part entière de la communauté et peuvent peut participer aux décisions du conseil du village, aux cérémonies de funérailles…

Pour entrer en contact avec les puissances bénéfiques (génies, ancêtres, divinités) qui leur permettront de se rapprocher des dieux, les hommes s’aident de leur masque. Ce dernier peut également éloigner les puissances du mal toujours prêtes à nuire et même à tuer. Il est porté par un participant au rituel, souvent initié, dont l’incognito doit être préservé.

Il absorbe peu à peu les forces maléfiques contenues dans le lieu à purifier, ou au contraire emmagasine une charge émotionnelle destinée à toucher la divinité bénéfique.

En général, les ethnies de la côte, vivant en milieu ouvert sur le large, soumises depuis plusieurs siècles aux influences étrangères (notamment chrétiennes) ne se servent pas des masques mais plutôt de petites statuettes. Les forêts aux horizons fermés, pleines de bruits inquiétants et de présences invisibles ont par contre provoqué chez les Guéré, à l’ouest, une floraison de masques où est systématisée la recherche de l’horreur. Les Bété et les Baoulé aussi se parent encore couramment de masques, parmi les plus intéressants de l’Ouest.

Le djembe
Apparu chez les Malinke (en Guinée), le djembe s’est répandu sous des formes variables dans presque toute l’Afrique de l’Ouest. Il a conquis en fait tout l’ancien empire Mandingue qui s’étendait du Sénégal au Bénin (+- 1300 Ap J-C).

C’est un tambour à une peau (de chèvre ou d’antilope) que l’on joue à mains nues et dont le spectre sonore très large génère une grande richesse de timbre. La forme évasée du fût viendrait de celle du mortier à piler le grain.

Avec ses rythmes éclatants, il est par excellence l’instrument lié à la danse. Le djembé est présent aux diverses manifestations sociales lors des fêtes traditionnelles : baptêmes, circoncisions, fiançailles, mariages, funérailles, assemblées, fêtes de masques, fêtes agricoles (labours, semailles, récoltes) …
Les trois sons de base sont :
– La basse, frappée au centre du djembé avec la paume.
– Le ton, joué au bord du djembé avec les doigts serrés.
– La claque, jouée aussi au bord, avec les doigts ouverts.
Les sons sont combinés pour former des phrases musicales traditionnelles ou des solos.

Les dununs
Le djembe est toujours accompagné par un ou plusieurs dununs (tambours basses). Ce sont, du plus aigu au plus grave, le kenkeni, le sangban et le dununba (gros dunun). Ces fûts cylindriques à deux peaux (de vache) sont tenus horizontalement et joués avec une baguette ou un bâton.

Les sons sont soit ouverts (le bâton rebondit) ou fermés (le bâton reste sur la peau après la frappe).
Les dununs fournissent le temps fort, la pulsation essentielle au sein de l’orchestre de percussions et le repère vital pour la danse.

Le balafon
Le balafon est un xylophone composé d’un châssis bas sur lequel sont parallèlement disposés 17, 19 ou 21 lames de bois de longueurs décroissantes. Chacune a son propre résonateur.

Réalisés avec des calebasses sphériques de tailles progressives qui donnent un son très doux, les résonateurs de balafon sont pourvus chacun d’un ou deux mirlitons. Recouvrant les trous percés dans les calebasses, ces membranes vibrent lors de la frappe sur les lames et en colorent le son. L’étendue musicale de l’instrument est d’environ trois octaves. Le musicien joue avec deux baguettes entourées de caoutchouc aux extrémités et porte souvent des bracelets de grelots en fer aux poignets.

Le Séké-séké (Les castagnettes)
Le séké-séké est un instrument formé d’une gourde en bois recouverte d’un filet auquel sont fixés des perles; secoué, il sert à marquer le rythme.

A l’origine, on couvrait l’instrument de grosses graines, qui luidonnaient un son plus doux que celui du séké-séké moderne, à la sonorité beaucoup plus pénétrante. La formeronde ou ovale-et la taille de la gourde influence aussi le son qu’elle produit. Le réseau de billes, qui a pour fonction de soutenir le rythme, doit être secoué d’arrière en avant en fonction du beat.

Cet instrument soutient aussi également le rythme de base de beaucoup ensembles de percussion brésiliens.

Le djembe et la danse africaine
Toute la musique africaine de percussion est vouée à la danse, présente à toutes les occasions de la vie sociale du village. La plupart des rythmes ne se jouent qu’à des occasions précises et uniquement lors de ces occasions. Une journée de danse peut n’être consacrée qu’à un seul rythme, avec des temps forts et d’autres plus faibles, consacrés au chant.

La symbiose extrêmement subtile et complexe existant entre danseurs et batteurs permet des changements, des variations rythmiques dont les codes échappent aux spectateurs toujours surpris par la simultanéité des enchaînements tant musicaux que chorégraphiques. Sur base des rythmes des dununs, qui revêtent un aspect mélodique, la part d’improvisation est confiée au djembe, dont les phrases mettent envaleur les qualités techniques et inventives du musicien. Le chant aux paroles souvent improvisées intervient, dialogue entre un soliste et le choeur que forme l’assistance.

Les dunun suivent la pulsation des danseurs, les joueurs de djembé suivent les dununs… Le soliste djembé peut aussi influencer la danse en changeant les pas de danse par des appels…

Les rythmes
Un orchestre djembé est constitué d’un soliste djembé, de plusieurs joueurs de djembé d’accompagnement et de un à trois joueurs de dununs.

Un rythme complet résulte en fait de la superposition harmonieuse d’une série de phrases musicales. Un rythme compte de 2 à 5 phrases musicales différentes pour les djembés, de 1 à 3 phrases musicales pour les dunums et la cloche kenken. Le soliste improvise en se basant rythmiquement sur les phrases jouées.

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