×

Les singes sacrés de Gbétitapia

Gbetitapia est situé à 11km sur l'axe Daloa-Issia dont le chef-lieu de canton est gbalouan-sud. Les singes qui habitent au bord du village sont des môones de Campbell et des pithoris.

Ils sont environs 400 têtes. Selon la légende, ils seraient la réincarnation des ancêtres des villageois décimés par les guerres tribales. Ainsi, le matin il y en a qui sortent saluer « leurs parents» chez eux à la maison.

Quand il y a un décès, ils font le tour du village. C’est leur façon à eux de participer aux funérailles. Quand un malheur doit survenir, ils ne sortent pas du tout de la foret. Les singes-aïeux protègent Gbetitapia de tout mal. Et les villageois leur vouent beaucoup de respect. Quand un des leurs vient à mourir, on l’enterre avec un morceau de percale blanche, signe d’amour et de dignité. Parce qu’ils sont sacrés, on ne les tue ni ne les mange.

L’origine de la cohabitation des singes avec les habitants de Gbétitapia

Selon l’adorateur Jean Claude Gnogbo Nahounou, les singes de Gbétitapia vivent dans son village depuis l’avènement de la colonisation, en 1900. « Les colons sont arrivés dans la région de Daloa en provenance d’Issia, et ont assassiné Rabé Boguhé, le chef du canton Gbalouan Sud composé de 17 villages. C’est quand Zokou Gbeuly a demandé à Rabé Boguhé d’empêcher les colons de rentrer dans Daloa que ce dernier a dressé une embuscade sur la route d’Issia.

Le Lieutenant Adrien est tombé dans l’embuscade en voulant prendre un régime de bananes douces mûres que les populations ont accrochées en vue d’attirer les Blancs. Car, Rabé Boguhé, depuis Sassandra a remarqué que les Blancs adorent la banane douce. Alors il a accroché ce régime de banane douce pour obliger les Colons à marquer un arrêt à leur passage en vue de les tuer tous. Ils se sont arrêtés effectivement et le guerrier Guédé Rabé a tiré à bout portant sur le lieutenant Adrien qui est tombé sur le champ », a-t-il soutenu.

Malheureusement pour Rabé Gboguhé, un Néo qui était l’éclaireur du contingent des colons a livré le secret de résistance de Rabé Gboguhé et de son petit frère Rabé Guédé qui a tendu l’embuscade. Pris de colère, les colons ont décidé d’arrêter à tout prix Guédé Rabé. Ils sont plusieurs fois revenus le chercher. Chaque fois, Rabé Guédé se métamorphose en une belle demoiselle ou en un mouton ou en un coq blanc.
Malheureusement, dans le groupe des colons il y avait un Néo qui a détaillé le secret de Guédé Rabé en dévoilant aux colons que la fameuse demoiselle qu’ils trouvent chaque fois dans la cour de Rabé Guédé, n’est autre Rabé Guédé lui-même. Le totem du fétiche de Rabé Guédé étant transgressé, il n’a pu se métamorphoser en demoiselle et les colons l’ont pris pour aller le mettre au poteau et le fusiller.

Plusieurs coups de fusils ont été tirés, mais les balles ne l’ont pas atteint. C’est à ce moment précis que Guédé Rabé a demandé aux colons de lui permettre de parler à son cousin à qui il a alors donné le fétiche qui le rendait invulnérable. Aussitôt fait, la balle tirée l’a tué sur le coup.

Pourquoi a-t-il lui-même aidé les Blancs à le tuer ? On n’en sait pas grand-chose. C’est à partir de là que commence le mystère. Il est revenu en rêve dire à Rabé Boguhé qu’il revient avec ses autres frères qui sont tombés au front pour vivre avec les habitants de Gbétitapia. Mais métamorphosés en singes. C’est depuis ce jour que nous vivons avec ces singes.

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…