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La Côte d’Ivoire à travers ses racines: Les Krou

Le sud-ouest est le domaine de la famille Krou (Wè, Bété, Dida), qui s'étend à une bonne moitié du territoire libérien. Il semble ajourd'hui acquis que le terme krou tire son origine du nom d'une population qui, dès la fin du XVI ème siècle, apparaît sur les cartes de la future côte liberienne, entre les rivières Cestos et Sinoe, sous l'appellation de Krao.

La ressemblance avec le mot anglais « crew »(« équipage »), en dépit d’une vocation maritime très tôt affirmée des Krou côtiers, ne relèverait donc que d’une simple coïncidence phonétique.

Les populations du groupe culturel Krou occupent sur le littoral atlantique un espace géographique de quelques 120.000 Km², à cheval sur la Côte d’Ivoire et le Libéria, limité au sud et au sud-ouest, de Grand-Lahou à Monrovia, par environ 600 Km de côte, au nord et au nord-est par les mandé, à l’est par les Akan. Cet espace appartient intégralement à la zone subéquatoriale intérieure, au type climatique guinéen forestier, chaud et humide. La moyenne annuelle des précipitations est presque partout supérieure à 1.600 mm, et croît régulièrement d’est en ouest (Sassandra:1.600; Tabou 2.300; Monrovia: 3.000).

Le groupe culturel krou se répartit en une vingtaine « d’ethnies » plus ou moins importantes: 6 ethnies pour les Krou du Liberia, 15 ethnies pour ceux de la Côte d’Ivoire.

Nous savons peu de choses du peuplement krou ancien. Tout ce que l’on peut affirmer c’est que d’une part le peuplement actuel est issu d’un fond incontestablement autochtone, d’autre part le territoire jadis occupé par ces populations autochtones s’étendait beaucoup plus au nord et au nord-est. Comment expliquer ce « tassement » des Krou au plus épais de la forêt et, partant, le rétrécissement de leur espace traditionnel?

Trois types d’impulsion, très nettement distincts, semblent avoir présidé à la mise en place du peuplement actuel: la « poussée mandé » au nord, l’attrait de la côte au sud, l’éclatement du royaume Ashanti à l ‘est. Ce que les historiens appellent la « poussée mandé » provoqua de nombreux déplacements du nord vers le sud(déplacements qui n’ont jamais eu l’allure d’une migration, mais se traduisaient par de simples départs de micro-unités, voire d’individus isolés), liés essentiellement aux politiques impérialistes des états qui se succédèrent, du XIV ème au XVIII ème siècle, sur les bords du Niger (invasions, contraintes militaires, assujettissements, de toutes sortes…). Cette poussée amena vers la forêt les populations Krou les plus septentrionales, apparemment déjà allergiques à toutes forme de coercition, et sans doute aussi des éléments mandé. Ce mouvement s’accentue à partir de la fin du XV ème siècle, quand les caravelles prennent la relève des caravanes, avec l’attrait de plus en plus fort que la côte exerce sur l’intérieur, du fait des possibilités de commerce avec les navires européens. L’éclatement à partir du XVII ème siècle, du royaume Ashanti (dont le berceau est l’actuel Ghana), et notamment l’arrivée en Côte d’Ivoire, au début du XVIII ème siècle, des Agni et des Baoulé, qui refoulent vers l’ouest des groupements moins puissants, contribue enfin à peupler directement, ou indirectement, soit par l’apport de populations nouvelles, soit par le refoulement de populations autochtones.

Il est, bien sûr, tout à fait arbitraire de dissocier Krou du Liberia et Krou de Côte d’Ivoire; mais dans le cadre de cette étude cependant, seuls ceux de Côte d’Ivoire retiendront notre attention.

Sources et Documentations : I.L.A – Institut de linguistique appliquée

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