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Les Koulango

Entre le Comoé et le Burkina Faso, s'étend le domaine des Koulango, les Pakhalla des Dioula, qui demeurent presque en Côte d'Ivoire, en dehors de quelques villages du Ghana; il faut leur rattacher les Zazère et les Namboy du Comoé, ainsi que les Loron, qui représentent leur noyau originel, et même les Tegesie ou Loron-Lobi, dont la langue est très proche, bien que leur culture et leur civilisation soient du type lobi.

D’autres Loron, que l’on trouve dans un village du pays Pallaka, où ils parlent une langue spéciale, et à l’état de caste dans le centre du pays Sénoufo, paraissent assez différents.

Le domaine des Koulango est très hétérogène, s’étendant largement dans la savane au Nord et pénétrant profondément en forêt vers le Sud; leur culture et leur civilisation ne sont pas moins diverses, ce qui témoigne d’une histoire heurtée et complexe.

Koulango (pluriel : Koulam) signifie sujet, vassal, et paraît avoir été donné par les princes Dagomba qui organisèrent le royaume de Bouna vers 1.600. Dans le passé, ces gens s’appelaient Loron et leur domaine s’étendait largement dans l’actuel territoire voltaïque. Leur société sans état, de type paléonégritude, s’est trouvée profondément transformée par les nouveaux venus; ils ont alors commencé à organiser des petites chefferies, comme Nassian et Barabo, et à pénétrer en forêt.

Vers la fin du XVII ème siècle, ceux du Sud ont alors été conquis par des Akan, les Abron, refluant devant la pression des Ashanti. Dans le cadre du royaume abron, les Koulango ont été étroitement asservis, mais ils sont restés des paysans énergiques et prolifiques, qui forment la masse de la population et dont la langue a été adoptée par les vainqueurs.

Dans le Nord au contraire, les Koulango, liés aux princes de Bouna, ont perdu tout dynamisme et ont connu au XIX ème siècle une décadence démographique de plus en plus rapide; celle-ci a été aggravée par la pression de vigoureux paysans anarchistes, les Lobi et les Birifor, qui ont littéralement submergé le pays et réduit les Koulango à l’état de minorité, même dans les villes de Bouna; celle-ci a finalement été détruite par Samori en 1896.

Le pays Koulango est faiblement peuplé; les villages y sont partout très petits; les résidences des chefs étaient fortifiées, comme la ville de Bouna. La case ronde domine dans le Nord mais tout le Sud a adopté la grande maison à impluvium de tradition Akan, importée par les Abron.

Les Koulango sont organisés en lignages matrilinéaires (bin), unis par des mariages patrilocaux; ce trait paraît bien ancien et il est commun à beaucoup de peuples voltaïques, mais il a été masqué à Bouna par la dynastie d’origine Dagomba qui a importé un système de succession patrilinéaire. Le caractère minuscule des villages Koulango (bango) s’explique en partie par la volonté de chaque lignage de vivre replié sur lui-même.

Nous avons affaire ici à une société hiérarchique construite récemment sur un fond d’égalitarisme paléonégritude. Dans le Sud, le groupe dominant est en outre fourni par une nationalité étrangère : les Abron. Les esclaves étaient nombreux et une partie de l’artisanat réservée à des castes professionnelles.

Sans doute, sous l’influence de Bouna, les Koulango avaient cependant dépassé le stade de l’anarchie paléonégritude avant la conquête abron, et ils étaient partout organisés en petits royaumes, dirigés par des rois sacrés, dont Nasian est encore l’exemple.

Dans leur religion, le culte des ancêtres est nettement éclipsé par celui des esprits de la nature, qui s’exprime par des sociétés « secrètes », chargées de l’initiation et dont les masques sont la principale réalisation de l’art Koulango.

L’agriculture Koulango est partagée entre la savane, où dominent le mil et le maïs, et la forêt, où tout repose sur l’igname et la banane. Le coton est cultivé est cultivé partout; l’élevage était médiocre mais la chasse, très importante, était pratiquée, dans ce pays à moitié désert, par des confréries des chasseurs professionnels.

L’artisanat était médiocre, le tissage étant souvent le fait de minorité Dioula ou Mossi. Les forgerons n’extrayaient pas le fer mais l’achetaient surtout chez les Lobi.

Traversé depuis le XIV ème siècle par les routes de l’or, le pays était le théâtre d’un commerce important, que les Koulango abandonnaient entièrement aux éléments Dioula.

Sources et Documentations : I.L.A – Institut de linguistique appliquée

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