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Sociétés et rites secrets chez les Dan

Les sociétés de l'Ouest présentent chacune un visage à double face. La première, apparente, concerne les rapports sociaux et familiaux. Elle est perceptible pour l'étranger, l'administration. L'autre face, cachée, mystérieuse, pourtant toujours présente, débordant le cadre religieux, appartient aux sociétés secrètes. Les plus anciennes sont considérées comme les plus puissantes.

La société secrète, constituée par tout groupement d’individus ayant conscience de participer à la même connaissance secrète de manifestation de puissance magique, est dirigée par un chef. Les membres sont recrutés par la voie hiérarchique ou par adhésion volontaire. Tout homme est libre de n’appartenir à aucune société secrète. L’adoption d’une religion nouvelle entraîne le départ de la société secrète. On ne peut adhérer à deux sociétés secrètes distinctes.

Ces sociétés se divisent en sociétés secrètes masculines auxquelles les femmes ont le droit d’accès, et en sociétés exclusivement féminines. Elles sont dynamiques et puissantes.

Le pouvoir de se changer en animal (zolé-dy) qui permet à certains chasseurs ou sorciers, de passer inaperçus, est un pouvoir réputé relativement courant des Dan. Plusieurs sociétés réussissent ces métamorphoses. Le buffle, l’éléphant, le phacochère, le léopard sont des apparences animales visées par ces confréries. Le « gor », c’est à dire le léopard, est la plus puissante des sociétés secrètes Dan. Le rôle du gor est essentiel pour maintenir l’univers des hommes dans l’état de justice et de paix. Le gor existe depuis environ cent ans.

Le gor fait également respecter les masques et maintient les institutions. Dans les cas de fautes graves, un poison, la bile de crocodile, peut être utilisée contre les récalcitrants si tous les membres de la confrérie sont d’accord.

Appartenir à la société des hommes léopards exige des sacrifices : les membres de la confrérie s’engagent à ne plus avoir aucune querelle pendant leur vie.

Imposer la paix aux autres ne se conçoit pour les Dan que si l’on est en mesure de maîtriser ses propres passions.

La valeur spirituelle des confréries d’hommes animaux réside donc autant dans une ascèse dont les hommes doivent être capables, que dans les croyances permettant à ceux-ci de s’associer.

Il existe toute une gamme de cérémonies ou la présence discrète des dangers est admise avec plaisir. Sous la direction des notables s’accomplissent les rites ancestraux accompagnés du sacrifice d’un animal : poulet, cabri ou boeuf selon l’importance de l’évènement. L’animal immolé sera dégusté en commun, accompagné de bangui, ou vin de palme, sève plus ou moins fermentée du palmier à huile ou du palmier raphia, qui crée l’euphorie générale.

Par contre, vous ne goûterez jamais à la chaire d’hippopotame : c’est un « totem ». Une légende raconte en effet, qu’en route pour Zonipleu, l’armée de Gbenyon se trouva au bord de la rivière You en crue et donc infranchissable si des hippopotames surgis de l’eau ne s’étaient pas alignés pour offrir leur dos en guise de pont.

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